Ci-dessous donc, le texte présenté lors de l'exposition 'd'une confluence l'autre' suite au workshop Paysage / urbain.
Également en lien ici l'article du progres sur le workshop 'La ligne intime'.
WS1: Paysage / urbain du 26 sept. au 15 nov. 2009
A l'issu du workshop de 6 jours, les stagiaires ont élaboré un travail personnel et ont constitué une exposition collective : D'une confluence L'autre.
L'exposition est présentée et ouverte au public du 16 au 21 novembre 2009 (vernissage le 16 novembre).
D’une confluence L’autre
Exposition du lundi 16 novembre au samedi 21 novembre
« Paysage urbain » : les deux termes semblent d’abord contradictoires. La ville, opposée à la campagne, la nature. En réalité, les choses sont plus complexes. La frontière entre la ville et la campagne est poreuse, c’est une zone aux contours flous et mouvants, qualifiée justement de péri-urbaine pour signifier qu’elle est un entre-deux. La ville est métamorphose. Elle bouge, s’élève, se creuse, s’étend. L’art de la ville est itinérant. C’est l’architecture concevant l’espace du « vivre ensemble* ». Communauté dont l’essence n’est plus commune. Elle invente le dépaysement.
C’est d’abord l’expérience d’un surgissement qui affecte le promeneur. Il immobilise son pas au seuil de sa représentation. Une présence l’absorbe. La pensée, retirée d’elle-même forme un sens que l’égaré contemple. Le marcheur marque une pause dans son cheminement, disposé face à « un regard qui se présente en tant que regard* ». Quelque chose advient et semble suspendre le cours ininterrompu des choses, comme une coupure matérialisant une portion d’espace disjoint. Mais ce surgissement n’est pas seulement de l’ordre du sentiment esthétique, il est habité en filigrane par une énigme, l’énigme de l’Autre, l’étrange qui nous ressemble. Car ces espaces, en chantier, sont aussi des territoires qui, bien qu’inhabités, portent les traces des présences humaines, fugaces ou cachées, celles des promeneurs, des clochards ou des prostituées.
Représenter le « paysage urbain » peut alors prendre des orientations diverses : tenter de retrouver dans l’urbain les propriétés du paysage dont la ville semble porter la négation ; ou bien tenter de rendre compte que le paysage n’est pas naturel, que c’est la mise en scène d’une certaine idée de l’agencement des rapports entre la nature et l’œuvre humaine.
D’une confluence l’autre présente le travail de six stagiaires, sur le thème Paysage : urbain, réalisé sous la direction des photographes Gilles Verneret, Julien Guinand et Laurent Mulot.Trois « espaces » ont été choisis collectivement : la Confluence, quartier en pleine mutation enserré par les deux fleuves, puis une remontée sur chacun d’eux : le Rhône, de la Cité Internationale à la Feyssine ; la Saône, de Vaise à l’île Barbe. Trois espaces géographiques qui témoignent des mouvements perpétuels de la ville, des formes hétérogènes que prend l’extension urbaine. Entre éloignement et proximité, c’est un parcours oscillant entre repères et errance qui s’est amorcé. Pas à pas s’élabore pour chacun, et pour le groupe, un sens, des sens à ce parcours photographique urbain, construisant ainsi un paysage à plusieurs facettes, où l’évidence du concret se mêle aux dérives imaginaires.
Si chacun apprécie esthétiquement le contexte selon ce qu’il veut signifier et ce qu’il ressent, travailler en collectif, c’est voir les mêmes choses avec d’autres yeux. L’assemblage des vues peut donner alors une image assez juste du monde moderne, de ses passions, de ses tendances, de ses craintes.
Six regards singuliers qui s’inscrivent dans un travail collectif, d’abord de lecture et sélection des images, puis d’élaboration de la mise en scène pour l’exposition. Un travail collectif qui fait retour sur le regard de chacun. C’est le résultat de ce double travail qui est présenté là.
* Jean-Luc Nancy - Au fond des images (Galilée, 2003)
